lundi 17 février 2014

Etude de :A Celle qui est restée en France de Victor Hugo (Les contemplations)

Lycée ……………………..                                                          Année scolaire 20…. /20…..
Cellule de ………………...
Exposé No………………...
Classe de …………………


A Celle qui est restée en France de Victor Hugo (Les contemplations)

Plan :

Biographie de Victor Hugo :

Principales œuvres :

Introduction :

Vue d'ensemble

1-Dédicaces et justifications.
2-La figure alternante d.e.d.e.d.
3-La section VIII.

Conclusion

Les exposants :


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Sous la Direction de M………………………..


Source :
Google ; Wikipédia ;
Léo Maurice. Réflexion sur la composition du poème de Victor Hugo : A celle qui est restée en France. In: Annales de Bretagne
et des pays de l'Ouest. Tome 83, numéro 3, 1976. pp. 503-525.
doi : 10.3406/abpo.1976.2828
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1976_num_83_3_2828




Biographie de Victor Hugo :

Victor Hugo est l'un des plus grands poètes et écrivains français de tous les temps. Il naît à Besançon (son père est comte et général d'empire) et fait ses études au lycée Louis-Le-Grand à Paris. Dès 1816, il affirme sa vocation littéraire : "Je veux être Chateaubriand ou rien !"
Victor Hugo est, à ses débuts, poète et monarchiste. Mais les événements de 1830 et sa liaison avec Juliette Drouet provoque en lui de profonds changements d'idées et en font le chef de file du mouvement romantique. Son appartement devient le siège du "Cénacle", regroupant de jeunes auteurs romantiques. Il gagne avec Gérard de Nerval et Théophile Gauthier la "bataille d'Hernani", contre les partisans du théâtre classique. Ecrivain de génie, il voit sa notoriété se transformer rapidement en célébrité. Victor Hugo est élu à l'Académie Française en 1841 et Pair de France en 1845. Il perd sa fille Léopoldine en 1845 et semble chercher dans la politique un apaisement à sa douleur. 
Ému par les souffrances du peuple en 1848, Victor Hugo devient républicain et affiche son hostilité à Napoléon III qui le fait exiler à Jersey, puis à Guernesey. En 1859, il refuse l'amnistie de l'Empereur. Pendant cet exil qui dure près de vingt ans, il produit la partie la plus riche de son œuvre.

De retour en France en 1870, Victor Hugo est accueilli comme le symbole de la résistance républicaine au second Empire. Il est élu député de Paris, puis sénateur. Sa production littéraire cède alors le pas à la politique. Il publie essentiellement des œuvres commencées pendant son exil.
Sensible aux mystères du monde, Victor Hugo essaye d'accorder sa vision spirituelle de l'univers à une conception rationaliste et optimiste de l'histoire de l'humanité. Au fil des ans, il devient foncièrement anticlérical et dénonce avec force l'obscurantisme.
Ses funérailles nationales et civiles à Paris sont grandioses, car il a été, de son vivant, le plus populaire des écrivains et un grand défenseur de la République.

Principales œuvres :
  • Odes (Poésies, 1822)
  • Cromwell (Théâtre, 1827)
  • Hernani (Théâtre, 1830)
  • Les Feuilles d'automne (Poésies, 1831)
  • Notre-Dame de Paris (roman historique, 1831)
  • Marie Tudor (Théâtre, 1833)
  • Lucrèce Borgia (Théâtre, 1833)
  • Ruy Blas (Théâtre, 1838)
  • Les Rayons et les Ombres (Poésies, 1840)
  • Les Châtiments (1853)
  • Les Contemplations (1856)
  • La Légende des Siècles (Poésie, 1859)
  • Les Misérables (roman, 1862)
  • William Shakespeare (essai 1864)
  • Les Travailleurs de la mer (roman, 1866)
  • L'année terrible (1872)
  • Quatre-vingt-treize (1874)
  • L'Art d'être grand-père (1877)
  • Les Quatre Vents de l'esprit (1881)
  • Choses vues (1887)
Introduction :
«  Je vous écris tout cela au courant de mon esprit, à l'aventure, comme cela me vient, un peu comme la  mer jette  ses  flots, ses algues et ses souffles.  »  J. Gaudon, qui cite ce propos de Victor Hugo dans le Temps de la Contemplation, observe qu'on serait  tenté  de l'appliquer  à beaucoup d'œuvres de l'exil.  Ce poème est sans doute du nombre. Mais l'ouvrage de J. Gaudon a fortement montré que dans l'espace imaginaire  de Victor Hugo, cet espace «  reculant »,  crépusculaire, que hante « l'informe  se mouvant dans le noir »,  l'analyse  pouvait pénétrer, et qu'à scruter les  « architectures de l'ombre »  on ne leur ôtait rien de leur puissance de fascination. Un pareil effort d'analyse peut légitimement  être appliqué à ces formes «  océaniques »  de développement. C'est cet effort qu'on tentera ici  — sur un terrain très circonscrit, et sans prétendre à des conclusions générales. Il  est écrit au chapitre «  la Mer et le Vent » des Travailleurs de la Mer _: «  L'unité engendrant la complication, c'est la loi  des lois ». Ces liens de l'unité et de la complication, nous chercherons à les saisir dans le poème A celle qui est restée en France, en prenant  principalement appui sur les nombreux retours de thèmes et d'expressions dont ce poème est tissé. Il  se présente comme une longue  effusion conduite par l'abondance du cœur : et peut-être a-t-il été cela aux moments où Hugo l'écrivait ; mais non pas sans  doute jusqu'au  dernier acte  de la composition. En effet, en mettant la dernière main à son manuscrit, Hugo l'a  divisé. Segmenter ainsi le  courant de la vie intérieure, c'est implicitement y reconnaître ou y introduire un principe d'organisation.  A moins qu'il ne s'agisse seulement de placer ici ou là des points d'orgue, et d'opposer aux vastes développements par le chant des développements par le silence — lesquels effectivement  confèrent une grandeur étonnante aux quelques vers sur lesquels ils  portent.  Les intentions  conscientes de l'écrivain  échappent en partie à nos prises. Mais cette division existe : c’est à partir d'elle que nous chercherons à saisir l'ordre  selon  lequel,  volontairement ou non, s'est organisé dans ce texte le jeu des répétitions et des échos.

Vue d'ensemble

1- Dédicaces et justifications.
Un premier regard nous invite à privilégier trois sections, la première, la quatrième et la septième. Dans ces trois sections et dans elles seules est formulé le thème fondamental du poème : l'offrande du livre à la morte. On pourrait ajouter qu'il y est seul exprimé, qu'il les remplit tout entières.
I. « Ouvre tes mains, et prends ce livre ; il est à toi.
(...) Je le donne à la tombe. »
IV. « Que ce livre, du moins, obscur message, arrive (...)
« Et que le vent ait soin de n'en rien disperser
« Et jusqu'au froid caveau fidèlement apporte
« Ce don mystérieux de l'absent à la morte !
« Oui, qu'il vole à la fosse, à la tombe, à la nuit. »
VII. « C'est bien le moins qu'elle ait mon âme, n'est-ce pas ?
« (...) et je l'ai mise en ce livre pour elle.
« Prends ce livre. »
Encadrées par ces trois sections, deux parties intermédiaires (II, III, puis V, VI) ont pour fonction de justifier la dédicace : cette fonction est marquée à la fin de la section III par les vers 105 à 120, sur lesquels s'articule le « du moins » du vers 121, et plus explicitement encore au début de la section V : « J'ai le droit aujourd'hui d'être... un de ceux qui se font écouter de la tombe... car... »II existe entre ces deux séries de sections quelques différences fondamentales. Les premières énoncent la volonté actuelle du poète (parler à la morte) au présent et selon les différents modes qui expriment ordre, souhait ou décision. Les autres sont une évocation synthétique de la destinée dans laquelle s'enracine et contre laquelle réagit cette volonté : elles sont écrites presque entièrement sur le mode constatif, et les différents temps du passé y sont largement représentés. On pourrait appeler les premières principales et les secondes subordonnées — sans prendre ces termes au sens étroitement grammatical ni postuler un strict isomorphisme entre phrase et discours.

2-La figure alternante d.e.d.e.d.(d=Dédiasse ;e=Exile)
La démarche du poème peut, dans une première approximation, et abstraction faite de la section finale dont on parlera plus loin, se schématiser ainsi.

Tableau :

Section
Partie Principale
(Dédicace)
Partie Subordonnée
(Justification)
I
II-III
IV
V-VI
VII
Je te donne ce livre
……………………
Je te donne ce livre
…………………….
Je te donne ce livre

(Puisque) L’exile m’empêche d’aller sur ta tombe.

(Puisque) L’exile m’empêche d’aller sur ta tombe.

« Explication du tableau : Rien ne permet de ponctuer, de subordonner exclusivement telle justification à la dédicace précédente plutôt qu'à la suivante, de choisir entre construction  descendante et construction ascendante (on retrouverait le  même tournoiement,  au niveau de la syntaxe, dans les trois premières strophes de Veni Vidi Vixi, encadrées par deux principales entre lesquelles la subordination, descendante ou ascendante, reste ambiguë. Cf. dans notre poème, v. 325 : «  O générations aux brumeuses haleines. Reposez-vous !  Pas noirs qui marchez dans les  plaines ». Les justifications  sont  reprises, à l'intérieur  des deux dernières dédicaces, par les  périodes «  puisque » (v.  143 sqq., 262 sqq.) qui jouent  à peu près le  rôle de  corrélatifs  de rappel (idcirco  après  quia)  :  dans  le  cas de la  dédicace centrale il  s'agit, le  sens l'indique, à la fois d'un rappel et d'une annonce ;  nous verrons plus loin  le  rôle de cette  ambiguïté dans la composition  du poème. »

Ce schéma alternant, que nous noterons D.E.D.E.D. (Dédicace, Exil) n'est au fond que l'amplification des deux éléments du titre : A celle — qui est restée en France.
Ainsi ce qui assure l'unité du poème, ce n'est pas seulement le thème et le ton du deuil, qui sont partout ; c'est aussi une organisation cyclique fondée sur la récurrence. On pourra reconnaître dans ce schéma la « forme-rondo » ou le modèle « refrain-couplet » ; ou encore, projeté sur les grandes masses du discours, le dessin
Essentiel de la redondance oratoire, dont le présent poème nous fournit entre autres cet exemple :
« Contemple, s'il te faut de la cendre, les mondes.
« Cherche au moins la poussière immense, si tu veux
« Mêler de la poussière à tes sombres cheveux,
« Et regarde, en dehors de ton propre martyre
« Le grand néant, si c'est le néant qui t'attire. »
II serait un peu court de tenir cette forme pour une arabesque ne signifiant qu'elle-même, ou signifiant « la poésie », mais tout à fait imprudent de lui attribuer un sens univoque : tout au plus peut-on poser qu'elle s'éloigne des trajectoires plus tendues de la pensée logique, dont elle mime, pour la provoquer chez le lecteur, la mise en sommeil ou l'impuissance. De là toute une gamme de sens virtuels, qui s'actualisent selon le contenu : elle pourra représenter la pulsation du désir, l'indécision de la volonté, le bercement du loisir, mille choses : ici le ressassement obsessionnel, le tournoiement dans l'ombre habituels au Victor Hugo de l'exil. Et ceci de plus : ce retour d'un refrain, tentative contre l'irréversible, et le don du livre, tentative contre l'exil et, par-delà, contre la chute à l'abîme et la fuite du temps, poursuivent à deux niveaux le même geste désespéré, qui est peut-être celui de tout lyrisme.

3-La section VIII.
Reste la section finale. Il n'est possible, au niveau des sens manifestes, d'y voir ni un développement de la dédicace, ni une reprise de la justification, ni une synthèse de l'une et de l'autre. La figure centrale de la morte y disparaît, le « je » de la confidence personnelle, jusque-là partout présent, fait place au « nous » et à la troisième personne. Section indépendante donc. Mais précisément cette indépendance pose un problème; un problème qu'on ne résoudra pas en observant que la première version du manuscrit, datée du 8 octobre 1855, se terminait à la fin de la section VIL Cela, sans doute, explique pourquoi il y a tant de liens entre les sept premières sections, et si peu entre elles et la dernière. Mais pourquoi précisément y a-t-il une dernière section ? Pourquoi Hugo a-t-il ainsi remis en question une unité qu'il venait de réaliser si fortement ?
Peut-être, après un examen attentif des sept premières sections, serons-nous en mesure de proposer une réponse.

Conclusion
Nous pouvons à présent tenter une vue synthétique sur la démarche  du poème, vue qui sera résumée par notre tableau V. Le poème primitif se fondait tout entier sur une opposition de l'intimité  et de l'univers, opposition polarisée (par la voix même du poète et par l'orientation volontaire imprimée par les deux « mais ») en faveur de l'intimité de telle sorte que tout débordement du monde était plus ou moins ressenti comme un ravage. Dans la prophétie finale cette structure est renversée. Le surgissement d'un troisième terme, l’être, déplace l'opposition et permet l'accord sauveur de l'intimité et de l'univers : car il  n'est d'intimité que contre une extériorité, si  formelle qu'elle soit. On passe de la structure Intimité  4=  Univers à la structure (Intimité  = Univers) 4=  Être.
Tel nous semble être le rôle de l'articulation « tandis que »,  si étrangement mise en  relief  par l'enjambement  des vers 356-357. Face à la  menace impénétrable  de l’être,  univers et  intimité  se fondent l'un dans l'autre. Et cet univers sauvé par l'amour affirme son éminente dignité dans le regard « serein » (ce mot est souligné dramatiquement par le troisième « mais » du poème) que le contemplateur jette sur le « gouffre monstrueux »  de l’être. Dans cette démarche le  développement sur  l'agonie  mystique, qui ouvre la section VIII, joue un rôle de transition : accès au point sublime où s'évanouissent les antinomies, et surtout étape centrale de ce qu'on pourrait appeler l'archétype « Si le grain ne meurt... » : L’éclatement de la vie individuelle et la mise au silence de la voix humaine (« Et là nous nous taisons... ») Sont le préalable nécessaire à la révélation et au salut. Le poème apparaît bien — ces termes étant libérés de leur banale réduction sexuelle — comme la  satisfaction imaginaire  d'un désir. Nous nous sommes gardés, au début de cette étude, de mettre au compte de l'homme chacune des attitudes et des croyances manifestées  dans ce texte par le poète. Mais depuis, à travers les figures de la composition, nous avons  pu apercevoir  une certaine  démarche fondamentale : à ce niveau, sans doute atteignons-nous plus qu'un fantôme. Fascination panique et tendresse intime, transissement sacré devant l'éternel et affection inquiète pour ce qui passe, Hugo nous apparaît travaillé sans relâche, et jusqu'au seuil de la démence, par ces deux postulations. Et la balance n'est pas en équilibre. Il regarde l'univers ;  il  regarde l'amour;  mais il va voir l'amour se perdre comme un point dérisoire dans l'univers : et dès lors  il n'aura de cesse qu'il ne l'ait sauvé. Malgré l'obstination à extravaguer par laquelle il tente obscurément d'épuiser son angoisse ou d'accomplir sa loi, nous voyons assez de quel côté va son cœur.

 

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