Lycée …………………….. Année scolaire 20…. /20…..
Cellule de ………………...
Exposé No………………...
Classe de …………………
A Celle qui est restée en France de Victor Hugo (Les
contemplations)
Plan :
Biographie
de Victor Hugo :
Principales œuvres :
Introduction :
Vue d'ensemble
1-Dédicaces
et justifications.
2-La figure alternante d.e.d.e.d.
3-La
section VIII.
Conclusion
Les exposants :
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Sous la
Direction de M………………………..
Source :
Google ; Wikipédia ;
Léo Maurice. Réflexion sur la composition du poème de
Victor Hugo : A celle qui est restée en France. In: Annales de Bretagne
et des pays de l'Ouest. Tome 83, numéro 3, 1976. pp.
503-525.
doi : 10.3406/abpo.1976.2828
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1976_num_83_3_2828
Biographie de
Victor Hugo :
Victor Hugo est l'un des plus grands poètes et écrivains français de tous les temps. Il naît à Besançon (son père est comte et général d'empire) et fait ses études au lycée Louis-Le-Grand à Paris. Dès 1816, il affirme sa vocation littéraire : "Je veux être Chateaubriand ou rien !"
Victor Hugo est, à ses débuts, poète et monarchiste. Mais les événements de 1830 et sa liaison avec Juliette Drouet provoque en lui de profonds changements d'idées et en font le chef de file du mouvement romantique. Son appartement devient le siège du "Cénacle", regroupant de jeunes auteurs romantiques. Il gagne avec Gérard de Nerval et Théophile Gauthier la "bataille d'Hernani", contre les partisans du théâtre classique. Ecrivain de génie, il voit sa notoriété se transformer rapidement en célébrité. Victor Hugo est élu à l'Académie Française en 1841 et Pair de France en 1845. Il perd sa fille Léopoldine en 1845 et semble chercher dans la politique un apaisement à sa douleur.
Ému par les souffrances du peuple en 1848, Victor Hugo devient républicain
et affiche son hostilité à Napoléon III qui le fait exiler à Jersey,
puis à Guernesey. En 1859, il refuse l'amnistie de l'Empereur. Pendant cet exil
qui dure près de vingt ans, il produit la partie la plus riche de son œuvre.
De retour en France en 1870, Victor Hugo est accueilli comme le symbole de la résistance républicaine au second Empire. Il est élu député de Paris, puis sénateur. Sa production littéraire cède alors le pas à la politique. Il publie essentiellement des œuvres commencées pendant son exil.
Sensible aux mystères du monde, Victor Hugo essaye
d'accorder sa vision spirituelle de l'univers à une conception rationaliste et
optimiste de l'histoire de l'humanité. Au fil des ans, il devient foncièrement
anticlérical et dénonce avec force l'obscurantisme.
Ses funérailles nationales et civiles à Paris sont grandioses, car il a été, de son vivant, le plus populaire des écrivains et un grand défenseur de la République.
Ses funérailles nationales et civiles à Paris sont grandioses, car il a été, de son vivant, le plus populaire des écrivains et un grand défenseur de la République.
Principales œuvres :
- Odes (Poésies, 1822)
- Cromwell (Théâtre, 1827)
- Hernani (Théâtre, 1830)
- Les Feuilles d'automne (Poésies, 1831)
- Notre-Dame de Paris (roman historique, 1831)
- Marie Tudor (Théâtre, 1833)
- Lucrèce Borgia (Théâtre, 1833)
- Ruy Blas (Théâtre, 1838)
- Les Rayons et les Ombres (Poésies, 1840)
- Les Châtiments (1853)
- Les Contemplations (1856)
- La Légende des Siècles (Poésie, 1859)
- Les Misérables (roman, 1862)
- William Shakespeare (essai 1864)
- Les Travailleurs de la mer (roman, 1866)
- L'année terrible (1872)
- Quatre-vingt-treize (1874)
- L'Art d'être grand-père (1877)
- Les Quatre Vents de l'esprit (1881)
- Choses vues (1887)
Introduction :
« Je vous écris tout cela au courant de mon
esprit, à l'aventure, comme cela me vient, un peu comme la mer jette
ses flots, ses algues et ses
souffles. » J. Gaudon, qui cite ce propos de Victor Hugo
dans le Temps de la Contemplation, observe qu'on serait tenté
de l'appliquer à beaucoup
d'œuvres de l'exil. Ce poème est sans
doute du nombre. Mais l'ouvrage de J. Gaudon a fortement montré que dans
l'espace imaginaire de Victor Hugo, cet
espace « reculant », crépusculaire, que hante « l'informe se mouvant dans le noir », l'analyse
pouvait pénétrer, et qu'à scruter les
« architectures de l'ombre » on
ne leur ôtait rien de leur puissance de fascination. Un pareil effort d'analyse
peut légitimement être appliqué à ces
formes « océaniques » de développement. C'est cet effort qu'on
tentera ici — sur un terrain très
circonscrit, et sans prétendre à des conclusions générales. Il est écrit au chapitre « la Mer et le Vent » des Travailleurs de la
Mer _: « L'unité engendrant la
complication, c'est la loi des lois ».
Ces liens de l'unité et de la complication, nous chercherons à les saisir dans
le poème A celle qui est restée en France, en prenant principalement appui sur les nombreux retours
de thèmes et d'expressions dont ce poème est tissé. Il se présente comme une longue effusion conduite par l'abondance du cœur :
et peut-être a-t-il été cela aux moments où Hugo l'écrivait ; mais non pas
sans doute jusqu'au dernier acte
de la composition. En effet, en mettant la dernière main à son manuscrit,
Hugo l'a divisé. Segmenter ainsi le courant de la vie intérieure, c'est
implicitement y reconnaître ou y introduire un principe d'organisation. A moins qu'il ne s'agisse seulement de placer
ici ou là des points d'orgue, et d'opposer aux vastes développements par le
chant des développements par le silence — lesquels effectivement confèrent une grandeur étonnante aux quelques
vers sur lesquels ils portent. Les intentions conscientes de l'écrivain échappent en partie à nos prises. Mais cette
division existe : c’est à partir d'elle que nous chercherons à saisir
l'ordre selon lequel,
volontairement ou non, s'est organisé dans ce texte le jeu des
répétitions et des échos.
Vue d'ensemble
1- Dédicaces et justifications.
Un premier
regard nous invite à privilégier trois sections, la première, la quatrième et
la septième. Dans ces trois sections et dans elles seules est formulé le thème
fondamental du poème : l'offrande du livre à la morte. On pourrait ajouter
qu'il y est seul exprimé, qu'il les remplit tout entières.
I. « Ouvre tes
mains, et prends ce livre ; il est à toi.
(...) Je le
donne à la tombe. »
IV. « Que ce
livre, du moins, obscur message, arrive (...)
« Et que le vent
ait soin de n'en rien disperser
« Et jusqu'au
froid caveau fidèlement apporte
« Ce don
mystérieux de l'absent à la morte !
« Oui, qu'il
vole à la fosse, à la tombe, à la nuit. »
VII. « C'est
bien le moins qu'elle ait mon âme, n'est-ce pas ?
« (...) et je
l'ai mise en ce livre pour elle.
« Prends ce
livre. »
Encadrées par
ces trois sections, deux parties intermédiaires (II, III, puis V, VI) ont pour
fonction de justifier la dédicace : cette fonction est marquée à la fin de la
section III par les vers 105 à 120, sur lesquels s'articule le « du moins » du
vers 121, et plus explicitement encore au début de la section V : « J'ai le
droit aujourd'hui d'être... un de ceux qui se font écouter de la tombe...
car... »II existe entre ces deux séries de sections quelques différences fondamentales.
Les premières énoncent la volonté actuelle du poète (parler à la morte) au
présent et selon les différents modes qui expriment ordre, souhait ou décision.
Les autres sont une évocation synthétique de la destinée dans laquelle s'enracine
et contre laquelle réagit cette volonté : elles sont écrites presque
entièrement sur le mode constatif, et les différents temps du passé y sont
largement représentés. On pourrait appeler les premières principales et les secondes
subordonnées — sans prendre ces termes au sens étroitement grammatical ni
postuler un strict isomorphisme entre phrase et discours.
2-La figure alternante d.e.d.e.d.(d=Dédiasse ;e=Exile)
La démarche du
poème peut, dans une première approximation, et abstraction faite de la section
finale dont on parlera plus loin, se schématiser ainsi.
Tableau :
Section
|
Partie Principale
(Dédicace)
|
Partie Subordonnée
(Justification)
|
I
II-III
IV
V-VI
VII
|
Je te donne ce
livre
……………………
Je te donne ce
livre
…………………….
Je te donne ce
livre
|
(Puisque)
L’exile m’empêche d’aller sur ta tombe.
(Puisque)
L’exile m’empêche d’aller sur ta tombe.
|
« Explication du tableau : Rien ne permet de ponctuer, de subordonner
exclusivement telle justification à la dédicace précédente plutôt qu'à la
suivante, de choisir entre construction
descendante et construction ascendante (on retrouverait le même tournoiement, au niveau de la syntaxe, dans les trois
premières strophes de Veni Vidi Vixi, encadrées par deux principales entre
lesquelles la subordination, descendante ou ascendante, reste ambiguë. Cf. dans
notre poème, v. 325 : « O générations
aux brumeuses haleines. Reposez-vous !
Pas noirs qui marchez dans les
plaines ». Les justifications
sont reprises, à l'intérieur des deux dernières dédicaces, par les périodes «
puisque » (v. 143 sqq., 262 sqq.)
qui jouent à peu près le rôle de
corrélatifs de rappel
(idcirco après quia)
: dans le cas
de la dédicace centrale il s'agit, le
sens l'indique, à la fois d'un rappel et d'une annonce ; nous verrons plus loin le
rôle de cette ambiguïté dans la
composition du poème. »
Ce schéma
alternant, que nous noterons D.E.D.E.D. (Dédicace, Exil) n'est au fond que
l'amplification des deux éléments du titre : A celle — qui est restée en
France.
Ainsi ce qui
assure l'unité du poème, ce n'est pas seulement le thème et le ton du deuil,
qui sont partout ; c'est aussi une organisation cyclique fondée sur la récurrence.
On pourra reconnaître dans ce schéma la « forme-rondo » ou le modèle «
refrain-couplet » ; ou encore, projeté sur les grandes masses du discours, le
dessin
Essentiel de la
redondance oratoire, dont le présent poème nous fournit entre autres cet
exemple :
« Contemple,
s'il te faut de la cendre, les mondes.
« Cherche au
moins la poussière immense, si tu veux
« Mêler de la
poussière à tes sombres cheveux,
« Et regarde, en
dehors de ton propre martyre
« Le grand
néant, si c'est le néant qui t'attire. »
II serait un peu
court de tenir cette forme pour une arabesque ne signifiant qu'elle-même, ou
signifiant « la poésie », mais tout à fait imprudent de lui attribuer un sens
univoque : tout au plus peut-on poser qu'elle s'éloigne des trajectoires plus
tendues de la pensée logique, dont elle mime, pour la provoquer chez le
lecteur, la mise en sommeil ou l'impuissance. De là toute une gamme de sens
virtuels, qui s'actualisent selon le contenu : elle pourra représenter la pulsation
du désir, l'indécision de la volonté, le bercement du loisir, mille choses :
ici le ressassement obsessionnel, le tournoiement dans l'ombre habituels au
Victor Hugo de l'exil. Et ceci de plus : ce retour d'un refrain, tentative
contre l'irréversible, et le don du livre, tentative contre l'exil et,
par-delà, contre la chute à l'abîme et la fuite du temps, poursuivent à deux
niveaux le même geste désespéré, qui est peut-être celui de tout lyrisme.
3-La section VIII.
Reste la section
finale. Il n'est possible, au niveau des sens manifestes, d'y voir ni un
développement de la dédicace, ni une reprise de la justification, ni une synthèse
de l'une et de l'autre. La figure centrale de la morte y disparaît, le « je »
de la confidence personnelle, jusque-là partout présent, fait place au « nous »
et à la troisième personne. Section indépendante donc. Mais précisément cette
indépendance pose un problème; un problème qu'on ne résoudra pas en observant
que la première version du manuscrit, datée du 8 octobre 1855, se terminait à
la fin de la section VIL Cela, sans doute, explique pourquoi il y a tant de
liens entre les sept premières sections, et si peu entre elles et la dernière.
Mais pourquoi précisément y a-t-il une dernière section ? Pourquoi Hugo a-t-il
ainsi remis en question une unité qu'il venait de réaliser si fortement ?
Peut-être, après
un examen attentif des sept premières sections, serons-nous en mesure de
proposer une réponse.
Conclusion
Nous pouvons à
présent tenter une vue synthétique sur la démarche du poème, vue qui sera résumée par notre
tableau V. Le poème primitif se fondait tout entier sur une opposition de l'intimité et de l'univers, opposition polarisée (par la
voix même du poète et par l'orientation volontaire imprimée par les deux « mais
») en faveur de l'intimité de telle sorte que tout débordement du monde était plus
ou moins ressenti comme un ravage. Dans la prophétie finale cette structure est
renversée. Le surgissement d'un troisième terme, l’être, déplace l'opposition
et permet l'accord sauveur de l'intimité et de l'univers : car il n'est d'intimité que contre une extériorité,
si formelle qu'elle soit. On passe de la
structure Intimité 4= Univers à la structure (Intimité = Univers) 4= Être.
Tel nous semble
être le rôle de l'articulation « tandis que »,
si étrangement mise en
relief par l'enjambement des vers 356-357. Face à la menace impénétrable de l’être,
univers et intimité se fondent l'un dans l'autre. Et cet univers
sauvé par l'amour affirme son éminente dignité dans le regard « serein » (ce
mot est souligné dramatiquement par le troisième « mais » du poème) que le
contemplateur jette sur le « gouffre monstrueux » de l’être. Dans cette démarche le développement sur l'agonie
mystique, qui ouvre la section VIII, joue un rôle de transition : accès
au point sublime où s'évanouissent les antinomies, et surtout étape centrale de
ce qu'on pourrait appeler l'archétype « Si le grain ne meurt... » :
L’éclatement de la vie individuelle et la mise au silence de la voix humaine («
Et là nous nous taisons... ») Sont le préalable nécessaire à la révélation et
au salut. Le poème apparaît bien — ces termes étant libérés de leur banale
réduction sexuelle — comme la
satisfaction imaginaire d'un
désir. Nous nous sommes gardés, au début de cette étude, de mettre au compte de
l'homme chacune des attitudes et des croyances manifestées dans ce texte par le poète. Mais depuis, à
travers les figures de la composition, nous avons pu apercevoir
une certaine démarche
fondamentale : à ce niveau, sans doute atteignons-nous plus qu'un fantôme.
Fascination panique et tendresse intime, transissement sacré devant l'éternel
et affection inquiète pour ce qui passe, Hugo nous apparaît travaillé sans
relâche, et jusqu'au seuil de la démence, par ces deux postulations. Et la
balance n'est pas en équilibre. Il regarde l'univers ; il
regarde l'amour; mais il va voir
l'amour se perdre comme un point dérisoire dans l'univers : et dès lors il n'aura de cesse qu'il ne l'ait sauvé. Malgré
l'obstination à extravaguer par laquelle il tente obscurément d'épuiser son
angoisse ou d'accomplir sa loi, nous voyons assez de quel côté va son cœur.
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